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Un article de http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_d%27Himmerod. (06.11.2010)

L'abbaye cistercienne Notre-Dame d'Himmerod dédiée à l'Assomption de la Vierge Marie se situe sur la commune de Grosslittgen, dans le land de Rhénanie-Palatinat . Elle dépend de l'évêché de Trèves.

 

Situation et histoire

Les cisterciens dont le nom provient du couvent de Cîteaux qu'avait fondé le prieur Robert de Molesme, en 1098 aimaient les vallées. Ils recherchaient le silence, priaient et travaillaient selon les règles bénédictines. Comme Himmerod le montre, ils transformaient les vallées par leur travail.

 

Bernard de Clairvaux et l'évêque Albert de Montreuil (1132-1157) qui cherchaient un endroit dans la vallée de Salm (Eifel) pour y construire un couvent lui donnèrent spontanément le nom de « Claustrum Beatae Mariae Virginis » ( (fr) « Les entrailles de Marie - Lieu de l'incarnation »). Albert garda ce nom sur le certificat de donation (1138) par amour et dévotion pour Bernard et son premier édifice en Allemagne. Actuellement et depuis la fin du XIIIe siècle, le couvent se nomme Himmerod. Le nom vient de la terre en friche d'Haymo ou Hemmo ; qui est aujourd'hui la vieille ferme du couvent.

 

En 1134, 12 moines sous le prieur Randulf (1134/68) quittèrent Clairvaux. Ils passèrent par Metz, Trèves, jusqu'à la vallée du Kyll où l'évêque Albert leur avait offert un Terrain à Winterbach près de Kordel, mais l'étroitesse des lieux ne leur permis pas de construire un couvent cistercien. Les moines continuèrent leur route 1135 à l'Altenhof puis dans la vallée de Salm entre Eisenschmitt et Grosslittgen.

 

A l'occasion de la bénédiction du tout premier couvent fait simplement de bois, l'évêque Alberto établit en 1138 un certificat de fondation. Ses cadeaux permirent la construction d'un couvent en pierre plus spacieux. La même année, Bernard envoya ses moines ainsi que son architecte Achard à Himmerod grâce auxquels une basilique romane à trois nefs vit le jour.

 

Elle fut construite sur l'exemple de celle de Clairvaux ( disposée en forme de croix, chœur arrêté droit plusieurs chapelles à l'ouest). C'était ce que préférait Bernard de Clairvaux. D'après les fouilles de la première construction de l'église (1951/52 par le Dr. Esser, Mayence) on trouva les restes de bas de murs et de murs d'enceinte du presbytère ainsi que de la chapelle. A la suite des crises politiques épiscopales sous l'empereur Frédéric Barberousse, l'église ne fut consacrée seulement que le 1er juin 1178 par l'archevêque Arnold de Trêves.

 

La nef principale de 60-70 m de long était divisée en deux parties : une partie du chœur pour les moines et l'autre partie pour le peuple. Devant la façade est se trouvait un porche qui n'avait pour parure qu'une fenêtre ronde. Au-dessus de la croisée trônait un lanternon, une particularité des constructions cisterciennes. L'église comptait 27 autels qui, vu leur grandeur et leur nombre, témoignent sans doute de la présence importante de moines. Devant l'autel principal se trouvaient les tombes de l'archevêque de Trèves Jean I (+ 1212) et celle de Boemunds I (+ 1299) ainsi que le cœur de l'archevêque Albero (+ 1152), fondateur du couvent. Les nefs latérales servaient aux chevaliers de Manderscheid et aux comtes de Sponheim-Starkenburg pour y être enterrés. Un bâtiment au nord de la nef, achevée en 1317 abritait les restes d'un fondateur, l'écuyer Gérard Gelincks (+ 1317) ainsi que d'autres tombes de prêtres et de laïques.

 

L'église actuelle fut consacrée en l'an 1692. Elle fut adossée au sud de la nef latérale de l'église romane. Jusqu'à sa démolition (environ 1738/39) la basilique conserva son allure dépouillée comme le veut la tradition cistercienne. On commença probablement la construction en pierre du côté du mur au sud de la nef latérale de l'église romane. Il en resta un pilier faisceau d'angle. D'après les fouilles de 1951, il s'agit d'un reste du cloître et non pas d'une porte latérale menant à l'église comme on le supposait. Deux colonnes de chapitre témoignent de l'ornement floral qu'affectionnait particulièrement cet ordre.

 

La vie économique de l'abbaye

La vie d'Himmerod est centré sur l' agriculture comme la plupart des couvents cisterciens. Avec un travail acharné, la vallée de Salm et les terres alentours furent cultivées. Himmerod était au départ un couvent en friche. Bientôt les dons et les achats de terrains permettent son extension. Entre Moselle, Lieser et Kyll on trouva bientôt une multitude de fermes dirigées par une centrale. Le couvent s'étendit jusqu'au bas de la Moselle et au Rhin. Les fermes de Coblence, Leutesdorf, Bonn, Echternach et Spire sont les plus importantes. Pendant que les moines priaient et travaillaient les frères achetaient les nombreuses fermes du couvent. Ils s'y connaissaient très bien dans les secteurs de l'agriculture, de la pêche, du vin et des fruits et légumes. Une grande partie de la vie économique de l'abbaye provient des vignes. Leurs propres bateaux emmenaient le vin jusqu'en Hollande et en Zélande. Encore aujourd'hui, beaucoup de vignoble de la Moselle nous rappellent l'ancienne activité viticole d'Himmerod. L'éloignement des terres provoqua la lente fin de la vie économique du couvent ainsi que les changements économiques et sociaux du XIIIe siècle Himmerod fut souvent obligé de faire de grosses dépenses à la fin du moyen âge à cause de querelles privées et de guerres. Beaucoup de ses fermes furent brûlées où expropriées. A partir de la moitié du XVe siècle les prieurs Pierre II de Wittlich (1449/68) et Jean VII de Saint-Vith (1468/1498) purent rétablir la vie économique du couvent.

 

La vie intellectuelle

Malgré les travaux manuels, la spiritualité n'était pas négligée. Depuis la fondation du couvent les moines écrivaient et commencèrent à monter la bibliothèque. En 1453, d'après les dires de l'humaniste Matthias Agritus de Wittlich (+ 1613 prêtre à Himmerod) la bibliothèque se composait de 2000 volumes. L'écriture était très imprégnée des recommandations du chapitre général. Les initiales et représentations qu'elle contenait ne devaient pas être colorées alors que la plupart possèdent leurs lettrines en deux couleurs. A côtés des écrits bibliques et littéraires, se trouvent aussi des écrits philosophiques, théologiques, juridiques et historiques. Des classiques anciens, il ne reste qu'un tome de lettres de Sénèque.

 

A cause de la suppression du couvent une grosse partie de la bibliothèque fut perdue. Après 1803 Joseph Gomes acheta environ une centaine de volumes. A ce jour il ne reste plus que 145 ouvrages manuscrits d'Himmerod. Ils sont à Trèves, Coblence, Bonn, Dusseldorf, Berlin, Hohenaschau, abbaye de Clerf (Luxembourg), Vienne, Paris, Chantilly, Amiens, Bruxelles, Leyde, Londres, Manchester, Baltimore, Camarillo (Californie) et New York.

 

Un nouveau couvent

Pendant la guerre de 30 ans, Himmerod a été souvent pillé par des hordes de soldats. L'architecte fut le frère Gabriel Simon d l'abbaye d'Orval. Il recula les fondations du nouveau couvent d'environ 7m au sud avec un axe de tendance sud-est.

 

Il était probablement décidé d'ériger une église, mais à la suite des périodes de guerre, on ne construisit que le couvent. Il fut terminé en 1688 sous le prieur Robert Bootz de Grosslittgen (1685-1730). Il possédait 2 étages et avait un toit unique de même hauteur pour le cloître. Le portail fut édifié en style renaissance alors que l'on garda les caractéristiques gothiques du cloître.

 

Une nouvelle abbatiale

Au XVIIIe siècle, Himmerod, comme beaucoup d'autre couvent fut pris aussi de la fièvre baroque, mais le prieur Leopold Camp (1731/50) ne transforma pas comme beaucoup d'autres dans le style à la mode ; il préféra tout refaire à neuf dans un style grandiose qui n'existe nulle part ailleurs en Rhénanie. L'architecte de Saxe Christian Kretschmar (+ 1768), qui s'était fait connaître grâce à la construction de l'abbaye bénédictine de Mettlach dans la Saare fut chargé des travaux. Cette construction d'exception fut achevée après 11 ans de travaux et consacrée le 10 octobre 1751 par l'évêque de Trèves Nicolas de Hontheim. Le style baroque d'origine dont la chaire de Saint-Paul de Trèves témoigne encore, laisse penser à un changement classique (1790). Le siège pontifical de cette époque (actuellement à la cathédrale de Trèves) est une œuvre de l'ébéniste d'art Léonard Rosenast.

 

D'après les fouilles de 1951, l'église baroque se trouvait à peu près 2 m au nord de la basilique romane, presque parallèlement et possède une fondation de trois nefs exceptionnellement étroites. Il fut possible de garder le même niveau au sol grâce à la disposition des terres. La forme des fondations baroques devaient suivre la forme des fondations romaines bien qu'on ne les utilisa pas. Comme les constructions romanes et bien que cela ne soit pas commun au XVIIIe siècle pour une construction, l'église baroque ne possédait ni tours, ni façade et resta dans le style dépouillé des cisterciens.

 

Destruction de l'abbaye

Lors de la sécularisation de 1802, comme tous les autres couvents, Himmerod dut fermer. Le 26 Juillet 1802 le couvent perdit son patrimoine culturel. Les œuvres d'art furent détruites, l'église et le couvent utilisés comme carrière.

 

La reconstruction de l'abbaye

En 1919, les moines cisterciens de l'abbaye de Mariastern (Bosnie) arrivèrent à Himmerod et rachetèrent au comte de Kasselstatt une partie du vieux couvent puis ils partirent au couvent de l'abbaye de Marienstatt en Westerwald. En 1925/27 le couvent fut construit d'après les plans de l'architecte de Cologne Lehmenkühler sur les fondations du XVIIe siècle. Nous devons son embellissement artistique au sculpteur Hans Scheble/Ellwangen. La reconstruction d'après les tracés et proportions originales commença en juillet 1952. L'église fut consacrée par l'évêque Matthias Wehr de Trèves le 15 octobre 1960.

 

Himmerod lieu de pèlerinage

Depuis la reconstruction, l'abbaye a repris la tradition des pèlerinages. Le portrait de la Vierge Marie ayant disparu, l'on a fait sculpter une statue en plastique par Hans Scheble que l'on peut voir dans la chapelle à côté de l'église. Les pèlerins prient « Marie médiatrice ». L'abbaye reçoit de nombreux visiteurs qui viennent méditer et se reposer à l'hôtellerie.